Dès notre retour de Thaïlande, nous lançons notre projet bébé : Arrêt de la pilule le 16 décembre, prise de température plus qu’approximative chaque matin sur conseil de Seb et élimination totale de l'alcool dans mon régime alimentaire, afin d'éviter au potentiel fœtus de se faire distiller au Ricard. Je sais que ça peut durer longtemps, je prévois plus ou moins devoir t'attendre une petite année. Cela nous laissera le temps de finir la salle de bain, la cuisine au printemps suivant puis d'attaquer tranquillement les chambres.
Noël arrive, puis Nouvel An, arrosé au jus de litchi !
L'hiver 2010 est le plus froid depuis 1969, et depuis le retour de vacances je n'arrive pas à m'adapter au climat lorrain. Nous sommes passés de 35°c à -10 °c en moins de 24 heures et je souffre réellement du froid. Rien n'y fait, j'entasse les couvertures la nuit, je m'enroule dans des épaisseurs de vêtements la journée, et le 10 janvier je tombe malade avec antibio pour une angine... et dans ma tête je me dis "bon ça va, je ne pense pas être enceinte".
Mi-janvier nous reprenons les travaux là où nous les avions laissé avant de partir en vacances. Enduit au plafond de la salle de bain et ponçage intensif. Je me vois encore poncer dans l'angle vers la bouche d'aération et me dire "heureusement que je ne suis pas enceinte, avaler autant de poussière c'est quand même pas terrible". Le lundi j'arrive au bureau complètement épuisée et je dis à Jacinthe "ohlala c'est fou ce que j'ai mal dans le ventre, j'ai fait travailler mes abdos tout le week-end sur l'escabeau en ponçant le plafond de la salle de bain". Elle rigole et me répond que pour elle aussi le week-end n'a pas été de tout repos. Chacun ses travaux...
Le 29 janvier, repas chez Seb et Séverine, qui me prend en aparté à la cuisine pour me demander si je peux manger du foie gras. Par principe je n'en mange pas à la maison ou avec la famille, mais je ne le refuse pas lorsque je suis invitée. La question me surprend. Séverine m'explique qu'elle sait bien qu'on ne peut pas en manger lorsqu'on est enceinte... Alors je me dis qu'avant d'adapter complètement mon régime alimentaire, j'attendrai d'avoir confirmation que je le suis, et ce n'est certainement pas le cas pour le moment.
De retour à table Mary me demande si nous avons une bonne nouvelle à annoncer. Encore une fois la question me surprend ! Je suis parait-il "radieuse", tandis que je me sens comme une vieille chaussette pendue à son fil à linge en plein hiver glacial : rêche et rigide. Je me remets difficilement de mon angine de début janvier, je suis fatiguée en permanence et toujours aussi gelée. Le début d'année est plutôt difficile.
En parallèle, papi Alain est très malade. Il enchaîne les pneumonies, tousse et siffle énormément, et cela ne présage rien de bon. Il subit une batterie d'examens, et chaque médecin renvoie toujours le résultat à la semaine suivante... Cela a commencé alors que nous étions en Thaïlande. A Noël, pour la première fois j'ai vu mon père aller se coucher en plein après-midi car il se sentait "fatigué"... Et voilà presque 2 mois que nous attendons le verdict...
Le 31 janvier en prenant des nouvelles de Diana, la discussion dévie sur mon mal de ventre, ma fatigue persistante et mon absence de règles. Comme je n'ai jamais été bien réglée je ne m'inquiète pas plus que ça. Et puis ce mal de ventre et la tension dans mes seins correspondent bien au débarquement british.
Diana me soutient que non, et que je devrais faire un test de grossesse, qu'il vaudrait mieux que je le sache le plus rapidement possible. De mon côté bizarrement je me dis que ça ne presse pas de le savoir, et que si je le suis je m'en rendrai compte bien assez tôt. Sans doute que j'ai peur d'être déçue... et que je ne veux pas commencer à me focaliser là-dessus, car je sais aussi qu'en général, plus on attend son bébé, plus il tarde à venir...
Cela dit elle a tant et tellement insisté que le soir en rentrant à la maison, je vais farfouiller dans le placard à pharmacie et retrouve une boite de deux tests que j’avais acheté, à l’occasion d’un doute, l’année précédente en Allemagne. Il n’en reste plus qu’un, et il est périmé depuis 2 mois… super ! Mais je ne peux pas m’empêcher de le faire, histoire de confirmer que non, je ne suis pas enceinte.
Je le pose par terre à côté de la douche, puis je prends ma douche, sans regarder le résultat. Pendant que je me lave les cheveux, je ne peux pas éviter d`y réfléchir : « et si le test était positif ???! Mais non arrête de te faire des films, c’est impossible, pas aussi rapidement ! Et puis tu le sentirais, tu n’as même pas de nausées… Mais... quand même… si jamais… Mais arrête de penser à ça c’est ridicule ! Fini cette douche, et regarde le résultat négatif puis n’en parlons plus ! »
Je sors de la douche, je m’essuie, et je me décide enfin à retourner le stylo plastique pour lire le résultat. Une barre rose ! NAN ! C’est pas possible… le test est périmé, il déconne ! Je m’habille en vitesse, je rejoins Sam au salon, j’ai un sourire un peu coincé sur les lèvres, et je lui dis « viens t’asseoir vers moi là ». Il grogne et me demande ce qu’il y a. Je ne sais pas quoi dire, alors je lui montre le petit stylo en précisant « mais bon il est périmé alors je sais pas trop quand même… ».
"Schwanger" oder nicht ? Là est toute la question ! Il me regarde d’un air circonspect. "A ton avis, ça veut dire quoi, « nicht » ?"
- "T’es enceinte alors ?". Dans l’mille Emile ! " Mais comment on va faire pour les travaux alors ?"
- … mais ça va t’es content ??
- (tête de lapin gêné) Bin je suis surpris, pis bon on est pas trop sûrs encore, faut refaire un test pour savoir vraiment ! Et toi t’es contente ?
- Bin pareil… je suis surprise…je peux pas dire que je suis contente car je sais pas si c'est vrai ou pas...
Plus tard alors que je faisais la vaisselle, il vient vers moi et me dit, toujours avec sa tête de lapin « T’y penses ?? »
- « Bin oui que j’y pense ! ». Évidemment je ne pense plus qu’à ça…
A ce moment là j’étais loin de me douter que je ne penserais désormais plus qu’à « ça » pour le restant de ma vie !
Plus qu’à attendre que Cougnotte mère ai la gentillesse de m’emmener acheter un test le lendemain midi !
Le 1er février, me voilà en position au dessus des toilettes. Carine est encore plus impatiente que moi. Je doute tellement… je préfère ne pas me faire d’illusions… Mais voilà la vérité bien rose qui apparaît devant moi en quelques rapides secondes ! Bien nette et plus que nette, on dirait que cette petite barre rose veut me sauter dessus et crier « OUI OUI OUI JE SUIS BIEN LA!!! »
J’en garde un sourire figé jusqu’à ce que je rejoigne Carine dehors. Extrêmement heureuse et effrayée à la fois… Je remonte au bureau et j'essaye de me contenir... Ne pas sourire bêtement. Ne pas être différente de d'habitude. Comment j'agis d'habitude ? J'envoie un mail à Sam pour lui dire. Ce n'est plus vraiment la grosse surprise ! Et puis je vais me cacher dans le bureau à côté de celui de Carine pour passer un coup de fil discret à ma gynéco. Il me faut un rendez-vous rapidement pour confirmer !
Sans Diana, je ne sais pas quand j’aurais fini par m’en rendre compte.
Voilà à ce moment-là, ce qui m'est venu à l'esprit en pensant à toi, mon petit haricot !
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